Comment interroger votre charge de travail ?

Les multiples enjeux de la charge de Travail

La charge de travail est une réalité complexe dont la quantité et le temps de travail ne sont que la partie visible. Pour la comprendre et l’analyser, il est important de considérer l’ensemble des rouages qui la définissent.

Les types de charge

Selon les tâches, la personne est plus ou moins sollicitée dans ses ressources physiques, émotionnelles, cognitives et adaptatives.

  • Physique : force et effort physique requis (poids des charges, degré de difficulté des gestes et des postures, mouvements répétitifs ou statiques, etc.)
  • Cognitive : processus mentaux (perception, attention, concentration, mémoire,raisonnement, prise de décision, etc.)
  • Émotionnelle : sollicitation des émotions (transiger avec les attentes et les besoins des autres, etc.)
  • Adaptative : cumul, chevauchement et rapidité des changements
Les agents modulateurs

La satisfaction et le bien-­être dépendent gran­dement du sentiment d’efficacité personnelle et de réussite dans l’atteinte des objectifs. Au­ delà du type, du rythme et de la quan­tité de travail, plusieurs facteurs viennent moduler la perception d’adéquation de la charge de travail. L’étendue des ressources dont la personne dispose pour réaliser ses tâches de façon satis­faisante joue un rôle important dans l’équation. 

  • Personnels : ressources et état interne (connaissances, compétences, expériences, santé physique et psychologique, énergie, sentiment d’efficacité, etc.)
  • Organisationnels : ressources et processus organisationnels (soutien du gestionnaire, entraide entre collègues, autonomie, clarté des rôles, conflits de tâches, attentes et priorités, répartition équitable du travail, sécurité de l’environnement, etc.)
Les composantes de la charge

La charge telle que prescrite, celle effectuée en réalité et celle perçue sont trois autres facettes à considérer pour compléter l’analyse.

  • Charge prescrite : attentes organisationnelles et exigences de performance (description des tâches, rôles et responsabilités, procédures de travail, échéanciers, etc.)
  • Charge réelle : travail effectué sur le terrain pour surmonter imprévus et contraintes afin de tendre à actualiser la charge prescrite par l’organisation (processus, stratégies et compromis, etc.). Le travail « en attente » fait partie de cette charge
  • Charge vécue/perçue : perception du travail ressentie, sentiment face à la charge, contexte et conditions d’exercice du travail (présence/absence de reconnaissance et de soutien, participation aux décisions, autonomie, etc.)

Pour parvenir à une charge adéquate, un.e salarié.e a besoin d’orien­tations claires et du soutien de son employeur

Ainsi, l’évaluation et la gestion de la charge de travail doivent figurer parmi les principes directeurs de l’établissement afin que les cadres de direction soient pré­sents auprès des équipes. Pour leur part, les cadres de proximité ont be­soin de marge de manœuvre et d’expertise pour gérer efficacement la charge de travail. Ils doivent s’attarder, par exemple, à l’organisation du travail, l’attribution équitable des tâches, la diminution des stress inutiles, l’utilisation judicieuse des forces de chacun, l’adéquation entre les exigences d’un mandat et les compétences requises pour le réaliser.

Au sein d’une équipe, il est important que le sujet devienne un objet d’échange respectable. Cela permet de discuter régulière­ment de la conciliation des priorités, des exigences et des demandes de tout un chacun.

Une organisation en santé compte moins d’erreurs, d’incidents, d’accidents et d’absentéisme. Le tout se traduit par plus de stabilité, de satisfaction, d’engagement du per­sonnel et une meilleure qualité de services.

Comment agir à l’échelle individuelle ?

La gestion de la charge de travail au niveau individuel atteint vite ses limites. Il est possible de commencer à analyser sa propre charge pour pouvoir en parler avec son responsable, lors de l’entretien annuel par exemple.

Une technique consiste à noter sur une quinzaine de jour toutes les tâches que nous réalisons et le temps allouée à chacune d’elle. Cette mise par écrit permettra de dresser un inventaire des taches effectuées, d’observer les interruptions qui hachent la réalisation de notre travail, et les demandes de réponses immédiates survenues sur cette période donnée.

Si le responsable direct est tenté d’interroger les résultats de notre travail par rapport à des objectifs attendus, nous avons tout intérêt de parler des moyens disponibles pour réaliser ces objectifs.

Comment agir à l’échelle d’une organisation ?

Pour les spécialistes du sujet, la meilleure façon d’évaluer la charge de travail est… de mener une démarche de prévention, la même qui est utilisée en santé et en sécurité du travail. Il faut donc identifier les risques, les prioriser et poser des actions préventives visant à éliminer ou contrôler ces risques.

« Il faut agir sur les facteurs de risques de la charge de travail, comme les outils de travail déficients, le manque de formation, le manque d’autonomie, le soutien social (de la hiérarchie ou des collègues immédiats), etc. »

Ils suggèrent une approche participative. Par exemple, l’utilisation de groupes de discussion, par corps d’emploi. « Il faut questionner les gens sur les situations de travail (contexte) où ils se sentent débordés afin de comprendre ce qu’il s’y passe et non la quantité de travail qu’ils ont.

En l’absence de cet effort de régulation, divers problèmes peuvent naître. Une surcharge de travail systématique peut en effet conduire:

  • à des problèmes de santé chez les salarié.e.s : stress, RPS et même burn out
  • une diminution de la qualité sur les tâches accomplies (le service aux personnes accompagnées en opérationnel, ou le rendu en fonctions suuport)
  • à des problèmes d’organisation pour l’association (absentéisme, accident de travail, inaptitude, tunr over élevé)

A la question individuelle de la charge de travail, il ne peut être apporté qu’une réponse collective et institutionnelle s’appuyant sur le regard de ses professionnel.le.s sur leur travail réel et non tel que perçu par une direction gestionnaire déconnectée.

Obligations de l’employeur en matière de charge de travail

Santé physiques et mentale des salarié.e.s

L’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses travailleurs en mettant en place des actions de prévention, d’information et de formation. Il doit également évaluer les risques professionnels sur chaque poste de travail. Ces risques sont consignés dans un document.

En cas de non-respect de cette obligation, sa responsabilité civile et/ou pénale peut être engagée. (Service-public.fr)

Article L. 4121-1 du Code du travail « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».

Principes de prévention

Le droit de la santé au travail est irrigué par neuf principes généraux de prévention affirmés par l’article L. 4121-2 du Code du travail. Nous retiendrons particulièrement deux de ces principes.

« Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ».

« Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est défini à l’article L. 1152-1 ».

La prévention doit se traduire par des mesures concrètes qui permettront de prendre en compte la situation de sur charge.

Surcharge de travail : demandez de l’aide !

La surcharge de travail est un facteur d’épuisement professionnel.

Voici les différentes alertes activables avant que celui n’arrive :

  • Représentant du personnel
  • Médecin du travail (coordonnées affichées dans votre service ou auprès des représentants du personnel)
  • Médecin traitant
Évaluer son état de santé

S’il est important d’éviter de s’isoler dans les cas de surcharge, un regard introspectif est nécessaire. Pour cela, retrouvez deux outils:

Le guide pratique du travailleur de Souffrance et Travail

Le questionnaire d’auto-évaluation de l’épuisement professionnel – Test de propagation du burn-out

 

 

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